Le chef de bataillon Hervé Gourmelon, présent en Bosnie depuis près
de deux ans, a été rapatrié en catastrophe au début de l'année. Officiellement officier de presse auprès de la SFOR à Sarajevo, cet officier détaché du Sirpa (le service de presse des armées) était en fait chargé de missions de renseignement et de liaison avec les Serbes. Le ministère français l'a reconnu hier: «Un officier français a entretenu différents contacts, comme ses consignes le rendaient possible». A-t-il outrepassé ses «consignes» en informant les Serbes des plans de l'Otan pour arrêter Karadzic ou n'a-t-il fait qu'appliquer les ordres qu'il recevait? Dans les milieux militaires, certains laissent entendre qu'«il a fait des choses pas claires», alors que le ministère de la Défense estime que «les conditions du déroulement de ces relations ont pu apparaître contestables». Ces affirmations ne valent pas preuve mais s'il était confirmé qu'Hervé Gourmelon a agi de son propre chef, la hiérarchie militaire et le pouvoir politique devraient s'interroger sur le contrôle qu'ils exercent sur leurs officiers.
Statut particulier. Car ce commandant n'était pas n'importe qui. Il jouissait à Sarajevo d'un statut tout à fait particulier. Résidant en ville et se déplaçant en civil, c'était l'un des rares officiers français présents sur le terrain depuis plusieurs années, alors que la plupart de militaires français n'y font que des séjours de quatre mois. Parlant le serbo-croate, il avait fini par tisser de nombreux