Trois hommes et une femme, vêtus de l'uniforme rose des détenus
rwandais, ont été fusillés hier matin devant des dizaines de milliers de personnes sur un terrain de football de Kigali. Simultanément, dix-huit condamnés à mort étaient passés par les armes dans quatre autres villes du Rwanda. Tous avaient été jugés coupables d'avoir participé au génocide du printemps 1994, au cours de procès que plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont jugés «sommaires». Malgré les appels à la clémence de Jean-Paul II et d'autres personnalités, et la demande de sursis des Etats-Unis, les autoritéss rwandaises ont exécuté les sentences «pour l'exemple», dans des conditions qu'elles jugent «éducatives». Kigali n'a en revanche pas estimé souhaitable d'étendre cet exercice pédagogique à l'ensemble de la communauté internationale. Le service d'ordre a empêché les photographes et les cameramen de travailler. Applaudissements. Les exécutions publiques ont attiré une foule considérable d'hommes, de femmes et d'enfants, créant un gigantesque embouteillage dans la capitale. En revanche, ni le président Pasteur Bizimungu ni le vice-président Paul Kagame ne se sont montrés. Chaque exécution a été saluée par des applaudissements, mais c'est celle de Froduald Karamira, que la foule a reconnu malgré la cagoule qui cachait son visage, qui a provoqué la plus grande émotion. L'ancien vice-président du Mouvement démocratique républicain (MDR) était considéré par la justice rwandaise comme le