Genève, de notre correspondant.
Physique de boxeur et conviction d'un homme de foi, Jacob Selebi évoque davantage le charisme d'un Cassius Clay dans ses années de jeunesse que le profil traditionnel des diplomates. Parfait symbole que ce Sud-Africain, ancien leader de l'ANC, qui a dirigé pendant six semaines, les travaux de la 54e session de la Commission des droits de l'homme de l'Onu qui viennent de se clore. Combatif, manoeuvrier, l'homme ne manquait pas de qualités pour tenter de rendre plus efficace cette curieuse assemblée formée par 54 gouvernements, censée représenter «la conscience de la communauté internationale». Dans une conférence de presse, Jacob Selebi a affirmé sa volonté de briser la logique des groupes régionaux, où la solidarité prime sur la volonté de dénoncer les violations des droits de l'homme. Il a tenté d'incarner un nouveau consensus, où les droits économiques, sociaux et culturels, mis en avant par les pays en développement, pèseraient autant que les droits politiques défendus par l'Occident. Avec en filigrane l'idée que les droits de l'homme ne doivent plus être un lieu d'affrontement idéologique: «La Commission ne sera jamais plus un événement. Elle va être un processus qui va se poursuivre pour que nous puissions mesurer s'il y a eu un progrès mondial de la situation des droits de l'homme», a-t-il affirmé. Il demande donc aux gouvernements de donner davantage de moyens aux rapporteurs spéciaux des Nations unies pour qu'ils puissent effectuer leur