Moscou, de notre correspondante.
«Merci, merci», balbutie Sergueï Kirienko devant les caméras de télévision. Boris Eltsine, qui lui fait les honneurs de son nouveau bureau, semble s'amuser de cette timidité et le pousse vers son fauteuil de Premier ministre. La scène illustre le rapport entre le président et son nouveau protégé: celui d'un élève dévoué à son mentor qui l'a promu au firmament.
L'homme qui, à 35 ans, est devenu vendredi Premier ministre de Russie a fait une carrière politique météorique. Il y a un an, il était encore un prospère «businessman» de province, à Nijni-Novgorod. En mai 1997, Boris Nemtsov, l'ex-gouverneur de cette ville, le fait monter à Moscou pour occuper, à ses côtés, le poste de ministre adjoint de l'Energie. Puis, en novembre, il devient ministre.
Cette «virginité politique» a probablement pesé lourd dans le choix d'Eltsine. Selon les fuites parues dans la presse, la décision du président de congédier le 23 mars tout le gouvernement aurait été en bonne partie improvisée. Exaspéré par les airs de plus en plus présidentiables du Premier ministre Viktor Tchernomyrdine, Eltsine aurait trouvé ce moyen pour s'en débarrasser.
Précipitation. Le choix du successeur aurait ensuite été fait à la hâte. Eltsine se serait vu présenter deux listes: une de candidats «politiques», une autre de «technocrates» où figurait Kirienko. Avec son cercle d'intimes le chef de son administration, son porte-parole et sa fille Tatiana Diatchenko , le président choisit Kirie