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Libération

Un royaume en déliquescence. Au-delà du gouvernement, c'est l'unité de l'Etat belge qui est entamée.

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par Jean Quatremer et Elsbeth TIEDEMANN
publié le 25 avril 1998 à 23h37

Bruxelles, de nos correspondants.

Marc Dutroux va-t-il contraindre le gouvernement belge à la démission? L'onde de choc de son évasion ratée fait trembler sur ses bases la coalition démocrate-chrétienne-socialiste au pouvoir depuis 1988. L'opposition (libérale, écologiste, droite nationaliste flamande, extrême droite), alléchée par l'odeur de décomposition, après les démissions, jeudi, des ministres de l'Intérieur (SP, socialiste flamand) et de la Justice (CVP, démocrate-chrétien flamand), réclame à cor et à cri des législatives anticipées. D'autant que les sondages sont catastrophiques pour l'équipe au pouvoir, usée par l'affaire Dutroux, par de nombreux scandales financiers, le réveil des querelles entre les communautés flamandes et francophones, et, aussi, de nombreuses années de pouvoir. Marc Dutroux a mis crûment en lumière les limites du système «à la belge», tout en compromis, consensus et non-dits.

Un système où même l'opposition trouve son compte grâce à un partage des postes, et où personne n'a intérêt à faire de vagues, sous peine de mettre en cause son petit fromage. L'Etat belge est apparu, lors de la découverte des corps des enfants assassinés, en août 1996, pour ce qu'il est: le royaume des amitiés, des parrainages, des renvois d'ascenseur et, in fine, de l'irresponsabilité. Jusqu'à hier, malgré les rapports accablants des deux commissions d'enquête parlementaires qui mettaient en cause les dysfonctionnements de la police et de la justice, il n'était venu à l