Madrid de notre correspondant
Les socialistes espagnols amorcent un virage à gauche. C'est l'outsider José Borrell qui a remporté vendredi les primaires destinées à choisir un candidat aux élections générales, prévues pour l'an 2000. José Borrell a battu le secrétaire général du parti, Joaquin Almunia, par 55% des voix contre 45%. Au passage, l'expérience révèle combien était gonflé le chiffre des militants: il n'y a eu que 201000 votants pour 383 000 cartes recensées officiellement" Le chemin de la transparence est long.
Plus charismatique que son rival, plus offensif contre le gouvernement conservateur, et situé plus à «gauche», le nouveau leader du PSOE a néanmoins été le premier surpris de sa victoire. Car l'ensemble de l'appareil du parti avait appelé à voter pour Almunia, depuis la direction, quasi unanime, jusqu'aux «barons» régionaux, en passant par «Dios» Dieu autrement dit Felipe Gonzalez lui-même, en semi-retraite depuis le 34e congrès de juin dernier. C'était apparemment compter sans le réel désir de rénovation de la base, avide d'un coup de sang dans un parti ankylosé par quatorze ans de pouvoir (1982-96), et qui cherche toujours à réapprendre le travail d'opposition.
Face à la tiédeur pragmatique de la direction, José Borrell propose d'«innover plutôt que d'imiter la droite» et de ne plus «renoncer à des objectifs ambitieux au nom du réalisme». Il affirme que «l'Europe monétaire ne suffit pas» ou que «le travail n'est pas une marchandise mais un droit». «Si sa