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Interview

Stefan Schieren, professeur de sciences politiques à Magdebourg. «Saxe-Anhalt: un malaise profond face à la démocratie». Le succès de l'extrême droite risque de se propager à l'Est.

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publié le 28 avril 1998 à 23h46

Bonn, de notre correspondante.

Avec quelque 12,9% des suffrages, la DVU (Union du peuple allemand) a obtenu aux élections régionales de Saxe-Anhalt, dimanche, le plus gros score jamais atteint par un parti d'extrême droite en Allemagne depuis la guerre. Stefan Schieren, professeur de sciences politiques à l'université de Magdebourg, la capitale de Saxe-Anhalt, y voit un effet à retardement de l'unification et redoute le début d'un phénomène durable.

Comment expliquer ce surgissement soudain de l'extrême droite, passée d'un coup du néant à 12,9% des voix?

Plus de la moitié des voix de la DVU provient d'électeurs qui n'avaient pas voté aux précédentes élections, soit qu'ils étaient trop jeunes, soit qu'ils étaient restés chez eux, car ils n'avaient pas trouvé de parti à leur convenance. La percée de la DVU a coïncidé avec une forte poussée de la participation électorale, passée de moins de 55% à plus de 70% de l'électorat. Ce potentiel de protestation, en grande partie dirigé contre la politique nationale du gouvernement Kohl, ne s'est pas formé d'un coup. Il existait déjà depuis quelques années. La nouveauté est que la DVU a réussi à le mobiliser au prix d'une campagne massive. On estime que le parti a investi près de 3 millions de marks (10 millions de francs, ndlr) dans cette campagne régionale: autant que les deux grands partis, social-démocrate et chrétien-démocrate, réunis.

Est-ce un phénomène typiquement est-allemand?

Pour l'instant, oui. A l'Ouest, les partis d'extrême droi