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Libération

Burundi: plaidoyer antiembargo.

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publié le 29 avril 1998 à 23h49

L'embargo à l'encontre du Burundi a-t-il de l'effet? Sans aucun

doute, mais un effet contraire à celui pour lequel il a été décrété. Telle est l'une des conclusions de l'étude de l'International Crisis Group. Cet institut de recherche géo-politique privé, et écouté dans les sphères politiques onusiennes, ose dire ce que beaucoup de diplomates pensent tout bas. C'est début août 1996, à la suite du coup d'Etat du major tutsi Pierre Buyoya (25 juillet), que sous l'impulsion de la Tanzanie sept gouvernements de la région des Grands Lacs, pour la plupart eux-mêmes venus au pouvoir par les armes, décidaient un blocus punitif contre le nouveau pouvoir de Bujumbura. Avec pour objectif d'obliger les putschistes à s'engager dans un processus de paix. Avec l'aval de la France, de l'Europe et des Etats-Unis, surtout soucieux de ne pas froisser l'aura de Julius Nyerere, le patriarche tanzanien de la région.

Vingt et un mois plus tard, le régime militaire de Pierre Buyoya est toujours aussi fort. L'embargo a dramatiquement appauvri le pays, avec des effets humanitaires désastreux sur les populations rurales les plus démunies, hutues en très grande majorité. Grâce à des systèmes de détournements et marchés clandestins, l'économie burundaise n'a pas été étranglée. Mais l'embargo a enrichi les plus riches, c'est à dire les grandes familles tutsies de la capitale qui soutiennent le régime Buyoya. Et il enrichit aussi les pays de l'embargo, en particulier la Tanzanie, les premiers à violer le