Aïn al-Héloué (Saïda), envoyé spécial.
Dans son salon aux murs bleus, le hadj Ahmed rêve souvent, devant une tasse de café, aux orangers de son enfance et, au plus chaud de l'après-midi, il lui arrive de sentir leur parfum. Lorsqu'il se réveille, il ne lui reste qu'une poignée de papiers jaunis recouverts d'encre pâle: les certificats de propriété des terres de sa famille; près d'Acre, rédigés à l'époque du mandat britannique. Lui, le paysan fils de paysan, n'a plus jamais travaillé les champs.
Comme le hadj Ahmed, la plupart des Palestiniens du Liban sont des paysans de Galilée, réfugiés de 1948. Comme lui, la moitié d'entre eux vivent dans des villes qui n'en sont pas vraiment. Situé dans les faubourgs de Saïda, Aïn al-Héloué est, avec 70 000 habitants le plus grand des douze camps palestiniens du pays. Mais les deux univers se côtoient sans se mélanger. Des points de contrôle de l'armée libanaise sont installés aux trois entrées du camp. A l'intérieur, quelques grands axes goudronnés dessinent un semblant d'urbanisme. Mais, dès qu'on s'enfonce dans les ruelles étroites, la lumière du jour disparaît sous les toits de tôle ondulée. Tout est là, magasins, garages, écoles, cliniques, écoles, pour mener vie normale, sauf que ce n'est pas une vie, rien qu'une long tunnel d'attente sans lueur au bout.
La trahison d'Arafat. Plus qu'une décennie de guerre, plus que la misère, ce sont les accords d'Oslo qui ont eu raison de la légendaire combativité des habitants d'Aïn al-Héloué dont