Bonn, de notre correspondante.
Un sombre costume-cravate, entouré d'une troupe de crânes rasés, tout en noir: c'est ainsi que Gerhard Frey a fait son entrée dimanche au Parlement régional de Saxe-Anhalt. La bouille triomphante mais le verbe toujours agressif pour les journalistes qui tentaient de l'interroger. Depuis ce dimanche, Gerhard Frey, 65 ans, est l'homme qui fait peur en Allemagne: celui qui a porté son parti, l'Union du peuple allemand (DVU), à 12,9% des voix. Le plus fort score jamais atteint par un parti d'extrême droite depuis la guerre.
Ce succès, Gerhard Frey peut se l'attribuer tout personnellement: la DVU est sa chose, qu'il finance grâce à sa fortune privée, estimée à plus de 300 millions de francs. Lui-même s'en est vanté lors d'une de ses rares interviews: «Je suis le seul président qui finance lui-même son parti.» Frey est seul et unique maître de la DVU" au point que le soir de la victoire en Saxe-Anhalt, la tête de liste locale Helmut Wolf, technicien au chômage, n'a été autorisé à prendre la parole qu'avec son mentor à ses côtés.
Piteux orateur, Gerhard Frey n'a rien d'un leader charismatique comme l'Autrichien Haider ou comme Le Pen. «Il a autant de charisme qu'une charentaise», résume Patrick Moreau, chercheur au CNRS et auteur d'une étude sur l'extrême droite allemande (1). Frey incarne un type particulier de leader d'extrême droite, pour qui la politique est d'abord un business. «Dans les rangs même de la droite nationale, il est considéré comme un