Amsterdam, de notre correspondante.
Père de la patrie, président des Pays-Bas, manager du pays" Les qualificatifs aujourd'hui prêtés à Wim Kok, Premier ministre néerlandais, frisent un culte de la personnalité peu courant au pays des tulipes. Malgré sa grande sobriété, l'homme qui dirige les Pays-Bas depuis plus de quatre ans a vu sa cote de popularité monter à 70, voire 80%, au point que c'est en véritable héros national qu'il se présente aujourd'hui aux élections législatives. Agé de 59 ans, le leader social-démocrate a fait du chemin en quatre ans. Lorsqu'en 1994, il brigue la direction du pays, beaucoup ne peuvent s'empêcher de rire. Comment cet homme, syndicaliste pendant trente ans, puis, certes, ministre des Finances (1990-1994), peut-il prétendre devenir premier ministre? De fait son parti, le PvdA, perd douze sièges aux élections. Pourtant, la défaite encore plus catastrophique des chrétiens-démocrates en fait la première formation politique du pays. Wim Kok ose alors former une coalition détonante: une alliance des deux ennemis d'antan, les sociaux-démocrates du PvdA, les «rouges», et les libéraux du VVD, les «bleus». Cette «coalition violette» va libérer les Pays-Bas de l'hégémonie chrétienne-démocrate du CDA, au pouvoir depuis cinquante ans.
Le nouvel élan de cette formation inédite a vite été freiné. Kok n'est pas un révolutionnaire. La prudence est de bon ton, et, de plus en plus, il donne à la politique gouvernementale un goût de déjà-vu. Le leitmotiv reste, c