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Libération

La contestation déborde des universités en Indonésie.Les émeutes ont fait au moins 6 morts et 80 blessés à Medan.

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publié le 8 mai 1998 à 3h09

Jakarta correspondance

Deux soldats armés stationnent devant une boutique dévastée par les flammes. Sur les murs noircis par la suie, on peut encore distinguer un panneau publicitaire rouge vif qui tranche avec la désolation du lieu. L'image ne surprend plus personne. En Indonésie, c'est désormais classique: à chaque nouveau coup dur pour la population saignée par la crise économique, la colère s'exprime de la même façon. Et les commerçants, pour la plupart d'origine chinoise, font les frais du mécontentement populaire.

A Medan, la capitale de la partie nord de l'île de Sumatra, des centaines d'individus ont, depuis lundi soir, pris la rue et pillé systématiquement commerces et bâtiments publics, incendiant des dizaines de véhicules et provoquant la panique des habitants d'origine chinoise, qui ont tôt fait de quitter la ville. La police et l'armée, appelée en renfort, semblaient hier contrôler à peu près la situation au terme d'affrontements qui ont fait au moins 6 morts et 80 blessés, d'après la presse locale et des témoins. A l'origine de cette flambée de violence, la hausse des produits énergétiques, et notamment de l'essence, annoncée lundi par le gouvernement. Une mesure de trop pour la contestation étudiante, qui grondait déjà à Medan de façon de plus en plus violente depuis plusieurs jours. C'est bien toute la spécificité de ce dérapage, que l'on aurait tort d'assimiler aux émeutes de la faim, plus ou moins spontanées, qui ont secoué tout l'archipel fin février. A Me