Budapest de notre correspondante
Il y a dix ans, Gabor Princz n'était qu'un jeune banquier talentueux, élevé dans le sérail de la banque nationale, qui eut une idée géniale: créer une banque commerciale qui s'appuie sur les 3 200 guichets de la poste. Pour la première fois, les petits villages eurent accès à une banque: Postabank était née et connut une expansion sans limites. Et peu à peu, le quadragénaire s'est imposé comme un poids lourd dans le paysage politico-médiatique hongrois. Tout en finançant divers partis politiques, notamment les précédentes campagnes électorales du Forum démocratique (centre droit, au pouvoir de 1990 à 1994) et du Parti socialiste, il a utilisé la banque pour devenir un magnat de la presse. Gabor Princz a construit un empire de toutes les couleurs politiques qui diffuse à 800 000 exemplaires.
Collusion étroite. Un cas qui illustre à quel point les médias sont devenus un enjeu de pouvoir en Hongrie dès l'avènement de la démocratie en 1990. Les hommes d'affaires ont vu la privatisation des organes de presse comme un moyen d'influer sur les cercles politiques, tandis que le pouvoir y voyait la possibilité de contrôler l'information. Le Forum démocratique avait perdu les élections de 1994, en partie parce qu'il avait utilisé la télévision pour orchestrer une virulente campagne contre les socialistes (ex-communistes). Revenu au pouvoir et allié aux démocrates libres (anciens dissidents), le Parti socialiste de Gyula Horn, qui doit faire face à des éle