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Libération

Dallas présidentiel au Paraguay. Le pays a voté vendredi, sur fond de déchirures au sein du Colorado, le vieux parti-Etat.

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publié le 9 mai 1998 à 3h11

Asunción envoyé spécial

Elles ne se lâchent plus le chignon. La brune et la blonde. Celle qu'on surnomme «la lionne» pour ses rugissements dans les meetings; l'autre qui proteste qu'elle n'est pas «la chuchi» (se dit des femmes BCBG au brushing impeccable) que l'on croit. Pour briser cette image, Myrtha Gusinsky, épouse Cubas, se déclare même sensible aux préoccupations populaires, une sollicitude qui sied à une future première dame de la République. Raquel Marín, épouse Oviedo, feint pour sa part de lui abandonner ce titre, convaincue que c'est elle qui assumera in fine ce rôle. «La lionne» et «la chuchi» sont réputées se détester. Mais, au Paraguay, les ennemis d'hier font les complices de demain et les deux dames battent les estrades coude à coude, destins liés, Pasionaria infatigables de leurs respectifs époux. Oviedo, «vrai» candidat. Si tout se passe comme depuis cinquante et un ans, le parti Colorado et son candidat officiel, Raúl Cubas Grau, devraient remporter l'élection présidentielle d'hier, et Myrtha emménager dans le palais de ses rêves. Mais pour combien de temps? Cubas l'a en effet promis: sitôt élu il fera sortir de prison le «vrai» candidat des Colorados, l'ex-général Oviedo, récemment condamné à dix ans aux arrêts pour une tentative de coup d'Etat. Une fois élargi, Oviedo deviendrait le patron effectif du pays. «Cubas au gouvernement, Oviedo au pouvoir»: c'est le slogan qui tient lieu de campagne. Raquel se retrouverait du coup première dame de facto. Inut