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Libération
Reportage

Au Paraguay, la ville de tous les trafics. L'avenir de Ciudad del Este, véritable duty free à ciel ouvert, est menacé.

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publié le 11 mai 1998 à 3h17

Ciudad del Este envoyé spécial.

Le guide des «endroits les plus dangereux du monde» consacre à Ciudad del Este («Ville de l'Est») un édifiant chapitre: «Pivot de la contrebande de cocaïne bolivienne. Plus de 12 milliards de dollars y transitent chaque année. On trouve de tout: fausses monnaies, canons antiaériens, spécimens d'espèces en voie de disparition, armes, stupéfiants et même des guérillas fondamentalistes islamiques. 200 assassinats par an pour 100 000 habitants (1).» La sulfureuse réputation des lieux a été consacrée l'an dernier par le ministre argentin de l'Intérieur, Carlos Corach, qui a qualifié Ciudad del Este de «sanctuaire unique au monde pour le crime et l'impunité». Buenos Aires accuse la ville d'abriter des commandos du Hezbollah, auteurs présumés des deux attentats de 1992 et de 1994 contre des immeubles de la communauté juive argentine, qui avaient fait 115 morts.

D'autres tiennent la cité pour le dernier Eldorado, avec un chiffre d'affaires digne des grandes Mecque du commerce international, Hong-kong ou Miami. Une estimation aussi douteuse que les montres Rolex vendues ici à la sauvette. La ville est en tout cas dénoncée par le syndicat des grandes marques comme «le premier exportateur de produits contrefaits en Amérique latine». Vrais ou faux, tous les colifichets de l'homme moderne y passent, des parfums de luxe aux logiciels informatiques, en passant par les CD, alcools, hi-fi, téléphones cellulaires, vêtements de marque.

Ciudad del Este doit son dest