Jakarta correspondance
Six morts et une trentaine de blessés par balles: tel est le bilan, encore provisoire, des affrontements survenus hier soir entre forces de l'ordre et manifestants étudiants, dans le nord-ouest de Jakarta. Les victimes, toutes étudiantes, sont les premiers habitants de la capitale à tomber sous le feu des militaires depuis le début des troubles qui embrasent, depuis dix jours maintenant, l'archipel indonésien. Tout a commencé lorsque les élèves de l'université de Trisakti, qui avaient organisé un sit-in devant les bureaux du gouverneur du quartier ouest de Jakarta, ont découvert, au sein de leur groupe, un agent des services de renseignement militaires. Pris de fureur, ils se sont mis à le battre, provoquant la réaction immédiate de quelque 500 policiers et brigadiers mobiles, qui, ouvrant le feu, les ont aussitôt contraints à regagner leur campus.
C'est à une véritable chasse à l'homme que les militaires se sont alors livrés, condamnant les issues de l'université et poursuivant, armes automatiques à la main, les étudiants jusque dans les bâtiments de la faculté. «Ils ont perdu leur sang-froid», explique un témoin de la scène.
Ces incidents marquent-ils une bavure ou témoignent-ils d'une volonté délibérée de montrer que l'armée est prête à tout pour enrayer le mouvement étudiant? Les militaires se sont pour l'instant refusés à tout commentaire. Le président Suharto, absent du pays pour cause de G 15, avait prévenu, juste avant son départ, samedi, que les