Rio de notre correspondant
Dix millions de Brésiliens sont en proie à la famine dans le Nordeste, où la moitié des récoltes a été détruite par une sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois. Fin avril, des groupes d'affamés ont pillé des entrepôts de grains et d'aliments destinés aux écoles. La télévision a alors montré des images insoutenables, comme celles de cette famille nombreuse du Sertão réunie autour d'une soupe gluante préparée avec des morceaux de cactus. Ou de cet enfant malingre ingurgitant un lézard bouilli. Dans certains villages, la ration alimentaire est tombée à moins de 500 calories par jour.
Ces scènes ont provoqué une vague d'indignation. «Comme lors de l'incendie de l'état de Roraima, le Planalto (palais présidentiel) ne s'est réveillé que lorsque la sécheresse a occupé la une des journaux», accuse l'hebdomadaire Veja (un million d'exemplaires) dans son édition du 6 mai. Plusieurs évêques ont alors justifié publiquement les pillages dans les situations d'extrême nécessité.
Plan de secours. Sur la défensive, le président Cardoso a promis de distribuer un million de sacs de victuailles et il a vivement reproché à l'Eglise d'«inciter au désordre». Mais quelques jours tard, comme les pillages se multipliaient, le chef de l'Etat a demandé aux évêques d'appeler les paysans à la patience, le temps nécessaire au plan de secours improvisé pour atteindre les 1 200 municipalités touchées. Les vivres commencent effectivement à être distribués, et Cardoso a promis l'ouv