Ramallah, envoyé spécial
Cinq soldats s'avancent sur le versant d'un coteau. Ils ne cherchent pas à s'abriter. A cette hauteur, ils ne craignent pas les pierres des jeunes Palestiniens accourus par la route, quelques dizaines de mètres plus bas. Ils épaulent, choisissent leurs cibles et tirent comme à l'exercice. Détonation, légère fumée, cris. Les manifestants se précipitent vers l'un des leurs. Une forêt de bras tendus réclame de l'aide. Une ambulance emporte le blessé dans un hurlement de sirène. Cela fait déjà près d'une heure que ce face-à-face sanglant se prolonge.
A la lisière de Ramallah, comme un peu partout ailleurs en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, des nuées d'adolescents célèbrent cinquante ans de conflit avec des caillasses plein les mains. En ce 14 mai, date de l'indépendance d'Israël (selon le calendrier grégorien), ils commémorent la «Nakba», la catastrophe: 400 villages rasés et 750 000 Palestiniens réduits à l'exode. Un drame qui vient de faire neuf nouveaux morts et une centaine de blessés.
Fanions. Dans la ville, le deuil se mêle à la fête. Les commerçants maintiennent leurs portes entrouvertes, malgré le mot d'ordre de grève générale. Des familles endimanchées convergent lentement vers la place Manara noire de monde. De vieilles dames, venues de camps de réfugiés, ont endossé leur robe traditionnelle en souvenir de localités qui n'existent plus. Les cérémonies israéliennes, organisées quinze jours plus tôt, servent tout à la fois de repoussoir et d