Moscou de notre correspondante
A la veille du premier tour, Alexandre Lebed avait paradé au côté d'Alain Delon venu le soutenir à Krasnoïarsk. A la veille du second tour, son rival, le gouverneur sortant Valeri Zoubov, a accueilli la diva de la variété Alla Pougatcheva. Mais la star a bizarrement formulé son appui: Lebed «est un type formidable, et je voterai pour lui à la présidentielle de l'an 2 000. Mais Krasnoïarsk, c'est trop petit pour lui"» Avec ses chassés-croisés de stars, l'élection dimanche du gouverneur de Krasnoïarsk est probablement le scrutin le plus médiatisé depuis la présidentielle de 1996. L'enjeu est de taille: si le général Lebed, grand favori après avoir recueilli 45% des suffrages au premier tour, sort vainqueur, il deviendra un prétendant sérieux à la succession d'Eltsine. S'il perd, il risque de ne pas s'en relever. Limogé en octobre 1996 de son poste de secrétaire du Conseil de sécurité, l'ambitieux général cherchait un tremplin pour rebondir. Une victoire à Krasnoïarsk le propulserait au Conseil de la Fédération, le Sénat russe. Et à un poste influent: riche en matières premières, grande comme quatre fois la France, Krasnoïarsk est l'une des régions les plus importantes de Russie. Conscients de l'enjeu, les milieux politiques et financiers se sont mobilisés. Lebed jouirait ainsi de l'appui de l'influent et très controversé homme d'affaires Boris Berezovski, aujourd'hui reconverti en politique. Il aurait aussi le soutien de l'industrie locale de l