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Libération

«Pourchassés comme des chiens». La famille Lee, d'origine chinoise, s'est réfugiée dans un hall d'hôtel.

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publié le 16 mai 1998 à 1h08

Djakarta envoyé spécial

Ils sont quatre, la mère, ses deux filles et l'un de ses fils, âgés d'une vingtaine d'années, réfugiés dans le hall d'un grand hôtel de Djakarta. Ils n'arrêtent pas de se répéter «nous avons tout perdu». Leur histoire est celle de beaucoup d'Indonésiens d'origine chinoise, qui se demandent s'ils pourront continuer à vivre dans le pays où ils sont nés. «Les émeutiers nous pourchassent comme des chiens, à cause de ça», s'emporte l'une des filles en se tapotant le visage «parce que j'ai la peau plus blanche et que j'ai l'air chinoise». En route pour l'aéroport, la famille Lee a échappé de justesse aux émeutiers. Elle a préféré faire halte dans cet hôtel, occupé par des centaines d'autres Indonésiens chinois dans leur cas. «Sur la route, ils arrêtaient les voitures, rançonnaient les passagers en les menaçant avec des couteaux. Vous croyez qu'ils sont toujours là?», demande-t-elle. Puis d'ajouter: «Nous attendrons la nuit pour sortir.»

Slogans antichinois. La famille Lee habite dans l'un de ces complexes résidentiels où se regroupent les Indonésiens d'origine chinoise. L'entrée est cernée par une haute grille gardée par des sentinelles non armées. Pendant deux jours, les habitants ont guetté les hordes d'émeutiers passant devant leur immeuble, lançant des slogans antichinois tout en testant la solidité de la grille. La petite communauté a multiplié les appels à l'aide à la police et à l'armée, en vain. L'une des familles a effectué une quête auprès des rés