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Portraits d'Irlandes avant le référendum sur la paix (1). Eddie et Padraig tournent le dos à la guerre. Ils ont combattu dans des milices ennemies. Vendredi, ils voteront pour le plan de paix.

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publié le 18 mai 1998 à 1h29

Belfast envoyé spécial.

Albert MacLean, dit Eddie, le protestant et ancien paramilitaire, votera oui à l'accord de paix. Padraig Devenny, catholique et ancien de l'IRA, votera oui, lui aussi. Les soldats de l'ombre de la guerre d'Irlande veulent donner une chance à la paix. Eddie, qui fut membre de l'UDA( Ulster Defence Association), la principale milice protestante dont il porte fièrement les tatouages, en a assez. «Assez de la guerre, assez des morts, je ne veux pas que mes enfants vivent comme j'ai vécu», explique l'ancien milicien de Tiger Bay, un quartier protestant très dur, littéralement encerclé par des rues catholiques. «Ici, à North Belfast, on a eu 1000 morts pendant les troubles, un tiers de tous les morts.» Eddie, un petit bonhomme aujourd'hui âgé de 50 ans, au visage creusé et fatigué, a fait trois ans de prison. «Pour extorsion et racket, c'était un coup monté de la police, parce qu'ils n'ont pas pu m'attraper pour autre chose.» «Victime». Eddie est discret sur ses activités paramilitaires, mais il était proche des commandos qui tuaient les militants catholiques, républicains. «Notre seule politique, c'était le drapeau, on était peut-être naïf, mais ici dans ce quartier, on ne connaissait que cela, quand j'étais petit on ne jouait pas aux gendarmes et aux voleurs, mais aux catholiques et aux protestants, on les appelait "les rats et on les tuait, je suis né protestant, je n'y peux rien, je suis une victime des circonstances», raconte Eddie, pour expliquer les