Les bookmakers de Belfast refusent les paris sur le référendum qui
doit, vendredi, entériner le plan de paix en Irlande du Nord conclu le mois dernier. Parce que le sujet est trop sensible. Mais aussi parce que, à quatre jours du scrutin, le résultat demeure incertain. Les derniers sondages montrent une victoire du oui, mais le vote oppose, comme toujours, les communautés. Si les catholiques nationalistes sont décidés pour le oui, les protestants se montrent jour après jour de plus en plus réservés. 45% sont contre l'accord, 35% pour et 20% sans opinion, selon une enquête d'opinion publiée la semaine dernière par l'Irish Times. Avec 80% des catholiques votant oui, le référendum passe néanmoins avec une majorité de 69%, mais, sans le soutien massif des protestants, l'accord apparaît fragile et vulnérable.
Le camp du non, mené par le redoutable révérend Ian Paisley, se déclare de plus en plus confiant, comme le montrent tous ses meetings qui font salle pleine au coeur du pays unioniste. Les partisans du non jouent habilement et démagogiquement sur des thèmes hautement émotionnels, comme la libération des prisonniers, qui devra être terminée dans deux ans, ou la présence de Sinn Féin, l'aile politique de l'IRA, au gouvernement de la province. Paradoxalement, ce sont les anciens paramilitaires venus des ghettos de Belfast qui sont les plus solides soutiens de l'accord, tandis que la classe moyenne unioniste, pourtant largement épargnée par les «troubles», reste méfiante. Les parra