Est-ce de nouveau la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée? L'entrée
de troupes érythréennes à Badme, capitale de la région de Shiraro, au nord de l'Ethiopie, il y a une semaine, ne permet pas d'y répondre catégoriquement, même si, hier, l'Ethiopie a employé pour la première fois le mot de «guerre». En tout cas, l'arrivée du vice-président Paul Kagame, l'homme fort du Rwanda, lundi à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, après sa rencontre, vendredi dernier à Kigali, avec le président érythréen Issaias Afeworki, au côté de Yoweri Museveni, le chef de l'Etat de l'Ouganda, illustre l'inquiétude des pays de la région face à ce conflit frontalier entre deux pays qui n'en faisaient qu'un jusqu'à 1993. Une initiative qui fait suite à l'échec de deux premières médiations, celle du président de Djibouti et celle des Etats-Unis.
L'Ethiopie a affirmé hier par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Seyoum Mesfin, qu'il n'y aurait pas de négociations sans retrait «inconditionnel» des forces d'Asmara de la zone des conflits. La veille, déjà, Addis-Abeba avait rejeté l'offre d'une médiation américaine, mais avait accepté les bons offices rwandais. Hier, Seyoum Mesfin a accusé l'Erythrée d'«agression» et de «duplicité», faisant allusion à une promesse de négociations rompue par l'envoi de soldats et de chars dans cette région frontalière. Le ministre éthiopien admettait en outre que «les frontières [entre les deux pays] ne sont pas totalement délimitées et tracées», non sans précise