Brême envoyée spéciale
Wolfgang Schäuble avait reçu une mission un peu particulière pour clôturer le congrès de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), hier à Brême: tenir un discours qui ne fasse surtout pas ombre à Helmut Kohl. Lors du congrès de Leipzig, en octobre, le leader du groupe parlementaire de la CDU et dauphin de Kohl avait enthousiasmé les délégués par un discours flamboyant, aussi concret et combatif que celui de Kohl avait été ennuyeux. Cette fois-ci, à quatre mois des législatives, le parti ne pouvait plus rien se permettre qui ternisse Kohl, au plus mal dans les sondages. «Il ne fallait pas faire concurrence à notre candidat», expliquait un de ses collaborateurs. Schäuble s'est plié à l'exercice, faisant un éloge appuyé du chancelier, «la personne qui incarne le mieux le courage aux réformes et la fiabilité».
Invité à ne surtout pas trop briller, Schäuble a tenu un discours assez général sur les «valeurs» de la démocratie chrétienne: la «prise de responsabilité», «le sens de la communauté», «l'amour de son prochain», «la performance», «l'assiduité», «la discipline» ou «l'amour de la patrie». «Pour moi, il reste inexplicable pourquoi, à la fin de ce siècle, un Allemand ne devrait pas aimer sa patrie exactement comme un Français ou un Italien», a-t-il ainsi lancé. Le «programme d'avenir» conçu par Schäuble et adopté à ce congrès est rédigé dans le même style, esquissant un tableau impressionniste des bouleversements qui guettent la société allemande au XXIe siècle