Belfast envoyé spécial.
John Bell, directeur d'école, sait comment s'y prendre avec les chahuteurs. «S'il y a un élève qui joue au voyou, je ne lui donne pas de bonbons, je l'engueule», explique John, bien carré dans son fauteuil de «principal» de l'école primaire de Euston Street, à Castlereagh, un quartier strictement protestant de Belfast. «C'est pareil avec les terroristes, il ne faut pas les récompenser pour ce qu'ils ont fait», ajoute le directeur d'école, bien décidé en son âme et conscience à voter «non» au référendum de vendredi. John Bell n'est pourtant pas un extrémiste, un bigot anticatholique, mais, comme nombre de familles de la classe moyenne unioniste, cet ancien conseiller municipal du principal parti protestant de la province, l'Unionist Ulster Party (UUP), ne peut donner son aval au projet de règlement. «Je ne peux toujours pas croire que l'UUP ait signé cela; lorsque j'ai vu, le vendredi saint, les images à la télé de tout le monde se serrant la main, je croyais rêver», affirme John Bell, qui, avec sa chemise blanche, ses cheveux coupés ras et son regard clair de fou de pilotage, n'a pourtant rien d'un rêveur.
Rébellion. Aussitôt l'accord signé, John Bell, fils d'Ulster né d'un père irlandais du Nord et d'une mère du Yorkshire, est entré en rébellion. Membre du conseil exécutif de l'UUP, il a voté contre le projet de règlement soutenu par David Trimble, le leader de son parti. A Castlereagh, il s'est opposé lors de la réunion de sa circonscription à son dé