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Libération
Portrait

Amien Rais, l'islamiste qui défie le pouvoir. Il s'est rapidement imposé comme le leader du mouvement d'opposition.

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publié le 21 mai 1998 à 1h49

Djakarta envoyé spécial

La scène se passait il y a trois jours dans l'enceinte du Parlement. Amien Rais, le chef de l'association musulmane Muhammadiyah, qui revendique 28 millions d'adhérents sur les quelque 200 millions d'Indonésiens, était reçu en audience par une dizaine de représentants de la chambre, alors que des hordes d'étudiants, qui venaient d'envahir le parlement, se bousculaient dans les rangées de la salle. Aux murs, trônait l'emblème national (l'oiseau garuda), flanqué des portraits du Président Suharto et du vice-Président, Yusuf Habibie. «J'en suis arrivé à la conclusion, dit Amien Rais en désignant du doigt le portrait de Suharto, qu'il doit partir" et le plus tôt sera le mieux.» Insulte au Président. L'air grave, les députés du parlement se sont rassis sur leurs sièges très mal à l'aise, tandis que les étudiants applaudissaient. Jamais, en Indonésie, un tel affront public n'avait été fait à «Bapak (papa) Harto». En Indonésie, l'«insulte au Président» peut valoir à celui qui la profère plusieurs années de prison. Le «crime» venait pourtant d'être commis devant d'éminents témoins, filmés par les caméras de télévision, avec un aplomb inimaginable.

Amien Rais a pour lui l'audace et l'ambition. En l'espace de quelques semaines, il est parvenu à se faire accepter par la plupart des étudiants comme le leader naturel du mouvement d'opposition qu'ils avaient lancé, seuls, trois mois plus tôt. Amien Rais, qui est âgé de 54 ans, entend donner de lui l'image d'un dém