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Libération

La bataille du rail des mineurs de Russie. Réclamant leurs arriérés de salaires, ils bloquent le Transsibérien.

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publié le 21 mai 1998 à 1h50

Moscou de notre correspondante

L'état d'urgence a été proclamé hier dans la région de Kemerovo (Sibérie), siège de l'industrie houillère, où les mineurs, qui réclament le paiement de leurs salaires, bloquent depuis six jours le Transsibérien. Simultanément le mouvement de protestation s'est étendu à d'autres régions, plaçant le gouvernement de Sergueï Kirienko devant sa première crise sociale. En annonçant l'état d'urgence, le gouverneur de Kemerovo, le communiste Aman Touleïev, a «catégoriquement exclu» l'usage de la force contre les grévistes. Il a même dit comprendre leur colère, car la plupart n'ont pas vu leurs salaires depuis six mois. Mais il a justifié cette mesure par la nécessité d'assurer les services vitaux ­ chauffage, électricité ­ et par la sécurité, certains trains bloqués ayant des cargaisons dangereuses (produits chimiques, voire explosifs).

Le mouvement a débuté vendredi dernier avec la décision des mineurs d'Anjero-Soudjensk, au nord de Kemerovo, de bloquer le Transsibérien. Régulièrement les mineurs, très touchés par la «crise des paiements» qui affecte toute l'économie, mènent des actions. Mais celles-ci restaient jusque-là sporadiques. Cette fois l'étincelle a pris. Les grévistes d'Anjero Soudjensk ont installé des tentes le long de la voie ferrée; des professeurs, des médecins, eux aussi non payés, se sont joints à eux. A leur tour d'autres bassins ont débrayé. Dans le Grand Nord, la ligne ferroviaire Vorkouta-Moscou est coupée; hier les mineurs retena