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Portraits d'Irlandes avant le référendum sur la paix (4). Colm Toibin, «ex-nationaliste heureux» L'écrivain dublinois, longtemps défenseur de l'Irlande unie, votera oui à l'accord.

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publié le 21 mai 1998 à 1h50

Dublin envoyé spécial

De ces jours de lycée dans la petite ville d'Enniscorthy, au sud de Dublin, Colm Toibin n'a pas retenu grand-chose. Si ce n'est le silence qui est tombé dans la classe le 30 janvier 1972, quand le professeur a annoncé que 13 civils avaient été abattus par les forces britanniques à Londonderry. «On avait l'impression que tout cela s'était passé dans notre pays. Nous avons observé une journée de deuil national. On se disait alors qu'il pourrait y avoir une guerre civile, que les catholiques du Sud allaient rejoindre ceux du Nord pour se révolter. Mais l'Irlande a plutôt choisi de tourner le dos à la frontière. Il n'y a plus jamais eu de deuil national pour les victimes du conflit.»

«Relation tiède». A 42 ans, Colm Toibin est peut-être le meilleur symbole de la relation compliquée qui lie le Sud et le Nord sur l'île d'Irlande. Consacré par The Irish Times comme le «meilleur écrivain de sa génération», celui que la République aime à présenter comme le digne héritier de Joyce, Yeats et Beckett se définit tour à tour comme un «ex-catholique, ex-nationaliste, heureux de voter oui au référendum pour faire avancer la paix». Comme lui, une majorité d'Irlandais devraient accepter d'amender les articles 2 et 3 de la Constitution qui posent une revendication territoriale sur l'Ulster, alors que Nord et Sud vont aux urnes pour avaliser l'accord de Stormont. «Les Irlandais ont développé une relation très "tiède avec le Nord. Ils ne veulent plus l'unité irlandaise ou mê