Jérusalem, de notre correspondant
«La torture de détenus palestiniens est devenue la routine», affirme Betselem, le centre israélien d'information sur les droits de l'homme dans les territoires occupés. Selon son dernier rapport, publié mardi, le Shin Beth (le service de sécurité général, l'équivalent de la DST française) exerce des sévices sur 85% des prisonniers qu'il questionne chaque année, soit en moyenne 850 personnes. L'association demande une fois de plus aux autorités israéliennes de mettre fin à ces pratiques dignes «du Moyen Age». La Cour suprême, la plus haute instance juridique, examine depuis hier six requêtes en ce sens.
Dans une note adressée aux neuf juges appelés à statuer, le chef du Shin Beth, Ami Ayalon, considère que ces «moyens peu orthodoxes» sont «absolument essentiels pour lutter contre le terrorisme». Prenant sa défense, le parquet observe que, depuis deux ans, pas un prisonnier n'est mort à la suite d'un interrogatoire musclé, ni n'a souffert de «dommages corporels substantiels». Le procureur général omet de préciser qu'un an plus tôt, en 1995, un Palestinien, secoué violemment par ses gardiens, avait succombé d'une hémorragie cérébrale.
Depuis 1987, les agents du Shin Beth peuvent recourir à des «pressions physiques modérées», conformément aux recommandations de l'ancien juge à la Cour suprême, Moshé Landau. Pour justifier de telles pratiques, les dirigeants israéliens invoquent le cas d'une «bombe à retardement» qui ne pourrait être désamorcée que