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Libération

Un criminel de guerre devient un héros japonais à l'écran. Polémique en Asie autour d'un film sur le général Tojo.

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publié le 21 mai 1998 à 1h49

Tokyo de notre correspondante

Le révisionnisme se porte bien au Japon. Samedi, un film à la gloire du sinistre général Tojo, condamné à mort pour crimes contre l'humanité et pendu en novembre 1948, sortira dans 140 salles. Mais loin de susciter la polémique, l'oeuvre, intitulée (en anglais) Pride, The Fatal Moment («Fierté, le temps du destin»), est accueillie avec une relative indifférence dans l'Archipel. Produit par la Toei, l'une des trois majors du cinéma japonais, le film a donné lieu en revanche à une protestation indignée de Pékin. «Hideki Tojo était un criminel de guerre. Il est choquant qu'un tel film ait pu être produit au Japon», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La Corée du Nord, ce n'est pas une surprise, a également émis une condamnation. Mais la semaine dernière, vingt-sept députés du Parti libéral démocrate (PLD), auquel appartient le Premier ministre conservateur Ryutaro Hashimoto, ont défendu la vision de l'Histoire présentée par le film. D'où un certain embarras dans les milieux officiels. Interrogé par Libération, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères tient à préciser que «le film, produit par une société privée, ne reflète en aucun cas la position du gouvernement japonais concernant les relations passées avec la Chine et les autres pays de la région».

Version déformée de l'Histoire. Le film du réalisateur Ito Shunya conteste le fait que le Japon ait mené une guerre d'agression contre ses voisins et repr