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Libération

Argentine: l'étrange suicide du sulfureux Alfredo Yabran. Il était soupçonné d'avoir ordonné le meurtre d'un photographe.

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publié le 22 mai 1998 à 1h57

Buenos Aires, de notre correspondante

«Yabran s'est suicidé»: Mercredi, à 15 h, la nouvelle a plongé toute l'Argentine dans une stupeur mêlée d'incrédulité. Soupçonné d'être le commanditaire du meurtre du photographe de presse Jose Luis Cabezas, l'an dernier, l'homme d'affaires Alfredo Yabran venait d'être convoqué devant les tribunaux. En fuite depuis samedi dernier, il était sous mandat d'arrêt international. Face aux policiers venus l'arrêter dans l'une de ses estancias proche de la frontière uruguayenne, Yabran se serait tué avec un fusil de chasse, selon tous les médias argentins.

Le 25 janvier 1997, l'Argentine avait été sous le choc de l'assassinat de Jose Luis Cabezas, survenu dans des conditions particulièrement atroces, dans une station balnéaire fréquentée par toute la jet-set argentine. Séquestré à Pinamar, à quelques mètres de la maison du gouverneur de la province, Cabezas avait été retrouvé, tué par balles, menottes aux poignets, carbonisé dans sa voiture abandonnée sur un terrain vague. Très vite, l'enquête suivait deux pistes. Celle d'une bande de policiers soupçonnés d'avoir effacé les premiers indices et d'avoir «libéré» le quartier résidentiel de toute surveillance. Une police que l'hebdomadaire Noticias ­ pour lequel travaillait le photographe ­ avait qualifiée de «maudite» pour son haut degré de corruption.

L'autre piste menait à un mystérieux entrepreneur de 54 ans, Alfredo Yabran, que Cabezas avait été le premier à photographier, sur une plage de Pinama