Dakar, correspondance.
L'alternance au Sénégal? A chaque scrutin, la question se pose. Et la réponse des urnes est invariable. Le Parti socialiste sort vainqueur. Néanmoins, pour les législatives de dimanche, tous les mouvements politiques se sont lancés dans la bataille. Et les champions du changement se bousculent face au parti qui tient les rênes du pays depuis l'indépendance, en 1960. Entre Abdoulaye Wade, l'éternel opposant qui dirige le Parti démocratique sénégalais (PDS), Djibo Ka, qui vient de quitter le PS pour créer le mouvement du Renouveau, et les quinze autres partis, le choix ne manque pas. Mais voilà, beaucoup d'électeurs ne leur font plus confiance. Et les jeunes que la classe politique a voulu se rallier en abaissant la majorité à 18 ans ne font pas exception à ce mouvement de désillusion.
Jeu politique brouillé. «Nous ne sommes ni du PS ni du PDS, nous sommes le PBS, le parti nouveau de la jeunesse», chante le groupe de rap le plus populaire au Sénégal. Et PBS (Positive Black Soul) va encore plus loin: «Nous sommes sous-développés, mais vous, vous roulez en Mercedes ["] Explique, mais c'est donc quoi ta politique?» Abstraction faite du côté un peu démagogue de renvoyer dos à dos le parti qui se confond avec l'Etat et le plus grand parti de l'opposition, PBS résume plutôt un jeu politique devenu passablement brouillé. En effet, pour contrer la toute-puissance du PS, Abdoulaye Wade, le numéro un du PDS, avait lancé le slogan du «sopi» (changement) aux élection