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Libération

Indonésie: Habibie fait le vide au Parlement. Les étudiants ont été évacués par l'armée dans la nuit.

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publié le 23 mai 1998 à 1h57

Djakarta, envoyés spéciaux.

Moins de vingt-quatre heures après avoir nommé son «gouvernement de réforme», le nouveau président indonésien, Yusuf Habibie (61 ans), a donné l'ordre à l'armée d'évacuer par la force les étudiants occupant le Parlement. Des dizaines de camions de Marines sont arrivés dans la soirée aux portes du bâtiment. Juste avant minuit, des milliers de soldats ont envahi le vaste parc dans lequel est situé le complexe parlementaire en bouclant le périmètre, apparemment dans l'intention de refermer la nasse sur les quelques milliers d'étudiants qui étaient restés pour passer la nuit. Vers une heure du matin, les militaires ont convergé vers l'intérieur. Ils ont intimé l'ordre aux étudiants de monter dans des bus pour les reconduire sur les campus. Une partie d'entre eux, le regard terrorisé, se sont exécutés, tandis que d'autres, presque en transe, se donnaient le courage de résister en entonnant des chants héroïques et en lançant des «Allah o akbar!» (Allah est grand) et des «Alléluia!». Avant d'évacuer vers deux heures du matin.

Les étudiants occupant le Parlement s'étaient d'emblée prononcés contre la nomination d'Habibie. Aux calicots demandant la démission de Suharto accrochés sur les façades du bâtiment parlementaire, avaient succédé depuis jeudi des banderoles «Non à Suharto, non à Habibie». Pour gouverner, Habibie ne pouvait guère tolérer longtemps la présence d'étudiants hostiles, le narguant dans un lieu symbolisant la plus haute autorité de l'Etat.

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