Menu
Libération

L'Irlande unie le temps d'un scrutin. Même pour les protestants, divisés, le oui au référendum est le dernier espoir.

Article réservé aux abonnés
publié le 23 mai 1998 à 1h10

Larne, envoyé spécial.

En Irlande du Nord, on dit «heureux comme un catholique à Larne». Par dérision. Larne, un petit port gris et brique, sur la côte de la mer d'Irlande, est un fief protestant, pur et dur, où les catholiques minoritaires sont toujours regardés de haut. Hier, Larne votait sous un ciel gris et froid sur l'accord de paix du vendredi saint, comme l'ensemble de l'île d'Irlande, unie pour un scrutin pour la première fois depuis 1918. Une ville unioniste qui, parmi d'autres, détenait les clefs du vote. Si le oui au référendum ne fait aucun doute, il faut en effet qu'il soit assez massif dans la communauté protestante pour assurer la viabilité du projet de règlement.

«On a voté oui, confiait dans le quartier du port un vieux protestant appuyé sur sa fille, c'est la seule solution si on veut aller de l'avant.» «Oui», disait encore un barman dans un pub, «il ne faut pas laisser passer sa chance.» Devant un bureau de vote de Larne, où l'on trouve plus de temples que de pubs, deux copains viennent de déposer leur bulletin dans l'urne. «J'ai opté pour le non, explique un jeune protestant aux bras tatoués, parce que je ne veux pas de Sinn Féin (parti républicain, branche politique de l'IRA, ndlr), je ne veux pas de terroristes au gouvernement, je n'ai rien contre les catholiques individuellement, il y en a 30% ici, mais Sinn Féin a tué et fait des attentats pendant trente ans.» Son copain, gelé dans un tee-shirt rouge de Manchester United, s'est prononcé pour le oui. «J'