Menu
Libération

L'Indonésie savoure son printemps. Hier, les détenus politiques de la prison de Djakarta ont pu recevoir des journalistes.

Article réservé aux abonnés
publié le 25 mai 1998 à 2h04

Djakarta, envoyés spéciaux.

La scène était inimaginable dans les rêves les plus fous des démocrates indonésiens. Hier, dans la cour de la prison de Cipinang, à Djakarta, des gardiens en uniforme découpaient avec jovialité un énorme gâteau rouge et blanc, les couleurs du pays, orné d'une inscription en sucre: «Vive les réformes». Tout autour, dans une ambiance de garden-party, une vingtaine de détenus politiques lourdement condamnés discutent, assiette en main, avec des journalistes, invités surprise. Xanana Gusmao, le leader de la rébellion indépendantiste du Timor oriental (l'ex-colonie portugaise annexée en 1976), qui purge une peine de vingt ans de prison, sourit sous sa casquette. C'est la première fois qu'on l'entend en public depuis sa condamnation pour «rébellion armée» en 1992. Pour lui, ce geste d'ouverture «n'est que le début» de la politique du nouveau président Habibie, nommé jeudi dernier après la démission du général Suharto.

Samedi, le procureur général avait déjà demandé, dans une lettre à Habibie, une amnistie des détenus politiques, dont il n'exclut que les «communistes». Le lendemain, le bruyant Sri Bintang, condamné à trente-quatre mois pour «insulte au Président», s'est immédiatement insurgé contre ce principe. «Le gouvernement doit nous déclarer libres, un point c'est tout», a-t-il dit aux journalistes, qualifiant au passage le président déchu de «plus grand dictateur de tous les temps».

La «réception» à la prison de Cipinang n'a pas été le seul gage de bo