Belfast, envoyés spéciaux.
Au coin de Woodvale et de Crumlin Road, quatre hommes posent des planches sur ce qui commence à ressembler à un pub. «Ce résultat est la meilleure chose qui peut arriver à l'Irlande du Nord», dit Eamon Mc Grath, natif d'Ardoyne, l'un des fiefs catholiques les plus durs de Belfast. Mais son bar fait face à Shankill Road, un quartier protestant, tout aussi dur. «Le Seven Bells sera le premier pub qu'on ouvre ici en trente ans», assure-t-il, une heure après l'annonce du résultat du réferendum, «en décembre, un homme a été tué tout près. Mais moi, je parie sur la paix. J'ai acheté le terrain le 31 août 1994, lors du premier cessez-le-feu de l'IRA. Et maintenant, je serai prêt à ouvrir en juillet.» Belfast a célébré à sa façon, samedi, la victoire du oui au référendum sur l'accord de Stormont. Pas de cris dans les rues, pas de klaxons, pas de manifestations mais la satisfaction affirmée de ceux qui ont le sentiment d'avoir fait un réel pas vers la paix après trente ans de conflit. A côté du pub, la boulangère dit qu'«elle a voté pour son fils de 3 ans». A 31 ans, Katharina n'a connu que les troubles dans un quartier qui a souffert plus qu'à son tour. «Ce n'est pas le genre d'existence que je veux offrir à mon fils, ajoute-t-elle, les communautés doivent apprendre à vivre ensemble et à se respecter. Ce vote est un point de départ, et il faut continuer dans cette voie, les Yougoslaves, les Juifs et les Arabes ont réussi à s'entendre, on devrait y arrive