Djakarta, envoyé spécial.
Gunawan Mohamad, poète, ex-rédacteur en chef du magazine Tempo (interdit), est membre du Conseil pour le mandat populaire (MAR). Le MAR, dont fait partie le leader musulman Amien Rais, a été fondé voilà une semaine par l'opposition pour soutenir les étudiants et obtenir le départ de Suharto .
L'évacuation du Parlement était-elle inévitable?
Oui, et il y a eu comme un consensus forcé de part et d'autre. Les étudiants ont même pu négocier avec l'armée le déroulement de l'évacuation. Quelle qu'ait été la motivation de l'armée, cette évacuation a probablement rendu service aux étudiants. S'ils étaient restés des semaines, par exemple, ils auraient couru le risque de voir leur mouvement anéanti par leurs divisions. Tandis que là, leur intégrité morale reste sauve.
Habibie est-il décidé à rester en place jusqu'à la fin de son mandat, en 2003?
Il n'a pas dit un mot sur d'éventuelles élections, ni énoncé de programme de réformes à court terme lors de la nomination de son cabinet. Nous voilà dans l'expectative. Mais les étudiants et les groupes prodémocratiques ne vont certainement pas en rester là.
Amien Rais paraît pour l'instant se satisfaire plus ou moins du nouveau président?
Amien Rais a déclaré que ce gouvernement ne pouvait, selon lui, qu'être «de transition». Mais il est enclin au compromis. Il a beaucoup d'amis dans le cabinet nommé par Habibie, et des personnalités qui lui sont très proches se sont aussi vu offrir des ministères. Finalement, il lui a bie