Moscou, de notre correspondante.
A 11 heures 30, hier, la circulation du Transsibérien, paralysée depuis dix jours, a été rétablie après le départ des mineurs qui occupaient les voies. Les grévistes, qui réclamaient le paiement de leurs salaires, ont obtenu partiellement gain de cause. Le gouvernement de Sergueï Kirienko a ainsi surmonté sa première crise sociale mais il pourrait ne s'agir que d'un répit.
Vendredi dernier, le président Boris Eltsine hausse le ton. Les grèves «ont dépassé la limite du supportable» et causent «des pertes immenses» au pays, dit-il. En fait, le pouvoir est inquiet des retombées économiques du mouvement, particulièrement dans les secteurs comme la métallurgie dépendant des livraisons de matières premières. Le procureur général annonce aussi des poursuites contre les grévistes. Mais l'Etat peut difficilement employer la force: il doit lui-même des sommes considérables en arriérés de salaires et Eltsine a souvent répété qu'il comprenait «le mécontentement du peuple».
Simultanément, les deux vice-premiers ministres, Boris Nemtsov et Oleg Sissouïev, sont dépêchés sur place. Ils ont apparemment pour mission d'obtenir le déblocage des voies ferrées au prix de concessions minimales, l'Etat étant lui-même au bord de la faillite. A peine arrivé vendredi à Rostov-sur-le-Don (Sud), Nemtsov descend au fond de la mine. On le voit à la télévision le visage noirci par la poussière de lignite. Revenu à la surface, il se fait huer par les grévistes. Sissouïev