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Libération

La grosse Europe qui fait peur au petit Danemark. Les Danois redoutent de perdre leur «démocratie de proximité» dans l'UE.

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publié le 28 mai 1998 à 2h24

Copenhague, envoyée spéciale.

Une mégère obèse et renfrognée (l'Europe ) plonge sa grosse patte dans le sac de popcorn d'un mignon blondinet ­(le Danemark ), trop petit pour se défendre. Cette affiche de l'extrême droite danoise pour le non au traité d'Amsterdam en dit long sur l'image de Bruxelles dans ce pays. Six ans après son non à Maastricht, le petit royaume nordique va-t-il rééditer sa bravade? Chez les Irlandais, le oui est passé à 61,7% le 22 mai, et nul n'imagine les Portugais dire non à l'Europe, en septembre, après leur qualification pour l'euro. Des trois seuls pays de l'Union à tenir un référendum sur le nouveau traité, le Danemark est l'unique incertitude, car, vingt-cinq ans après son adhésion, il garde une relation torturée à l'égard de l'Europe. Malentendu et trahison. «Quand nous avons adhéré à la CEE, en 1973, le gouvernement nous a dit qu'il s'agissait uniquement de commerce, pas de politique», enrage la députée européenne Ulla Sandbaek, membre du Mouvement de juin, la principale association des anti-UE danois. Ceux-ci n'ont, en fait, jamais admis le préambule du traité de Rome, qui jetait les bases «d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens». Il faut dire qu'au cours des six derniers siècles de relations tumultueuses entre le royaume et ses voisins suédois, norvégien et allemand, les précédents historiques d'union ont laissé un goût amer de fiasco. Après sa cuisante défaite de 1864 face à la Prusse qui lui arrache, avec les duchés