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Libération

Le sursaut des Colombiens pour la paix. Le pays s'apprête à voter. Thème unanime de la campagne: l'arrêt des violences.

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publié le 29 mai 1998 à 2h26

Bogota, envoyé spécial.

Midi, place Bolivar, le coeur historique de Bogota. La foule agite des mouchoirs blancs et brusquement se tait. Le bourdon de la cathédrale sonne le glas. Les mains se joignent pour former une chaîne humaine qui se ramifie dans les grandes artères de la capitale. Au même moment, des centaines de milliers de Colombiens les imitent dans toutes les grandes villes du pays. C'est le signal d'une énorme «pause pour la paix», «contre la violence et l'impunité».

Bannière de 700 mètres. Tout le monde est là. La marée des anonymes, hommes et femmes, employés de bureaux, commerçants, petits marchands des rues, travailleurs à qui les patrons ont accordé une coupure d'une demi-heure supplémentaire. Les écoliers défilent entre deux troupes de bonnes soeurs trépignantes. Des comédiens grimés miment, au rythme de tambours métalliques, des scènes de tortures. Dans les avenues du centre serpente une immense bannière aux couleurs nationales, longue de 700 mètres, portée par des milliers de bras, dont ceux de très nombreux policiers en uniforme. Quatre hélicoptères de l'armée survolent en formation le cortège en dispersant des pétales de fleurs. Un animateur scande inlassablement dans un haut-parleur «non à la guerre, oui à la paix», «non à la mort, oui à la vie», «mort à la mort»" Ce 19 mai, les Colombiens disaient leur immense ras-le-bol face à la violence qui ravage le pays depuis quarante ans. A la veille du premier tour de l'élection présidentielle, qui se déroule dim