La proposition de loi tient en une seule phrase: «La France
reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915», et ce texte déposé par le groupe socialiste devrait aujourd'hui être voté à une très large majorité à l'Assemblée nationale. Après l'approbation du Sénat, la France sera le premier grand pays européen à reconnaître officiellement ce que nombre d'historiens considèrent être le premier génocide du siècle. Les autorités d'Ankara multiplient les protestations. Le Premier ministre turc, Mesut Yilmaz, et le président du Parlement, Hikmet Cetin, ont adressé des lettres à leurs homologues français pour faire état du «malaise» du gouvernement turc, et le ministre des Affaires Etrangères, Ismael Cem, met en garde Paris contre les «effets néfastes» de cette loi sur des relations bilatérales actuellement qualifiées d'excellentes de part et d'autre. Pour la première fois, un texte d'initiative parlementaire, c'est-à-dire échappant à l'ordre du jour fixé par le gouvernement, investit le domaine régalien de la politique étrangère, au grand embarras du gouvernement. Pour ses promoteurs, ce texte a valeur de symbole. «Les autres génocides ne sont pas contestés, et aucun parlementaire ne nie la réalité de la Shoah, mais il n'en est pas de même pour le génocide arménien. Pour cela, ce vote est nécessaire», explique René Rouquet, député-maire socialiste d'Alfortville, où vit une très forte communauté arménienne. A l'exception de quelques pays (Russie, Canada"), la grande majorité de