Podgorica, envoyée spéciale.
«Slobo, ici, ce n'est pas la Serbie.» L'avertissement s'étale en lettres bleues sur la façade blanche d'un immeuble d'une des principales rues de Podgorica, la capitale du Monténégro. Comme un clin d'oeil agacé et rageur à l'égard des partisans du maître de la Serbie Slobodan («Slobo») Milosevic, qui au cours des dix dernières années ont marqué leur territoire imaginaire en Croatie ou en Bosnie, de leur graffiti: «Ici, c'est la Serbie», annonciateur de guerre.
Après avoir élu président en octobre Milo Djukanovic, le seul homme qui a osé défier Milosevic, les Monténégrins retournent dimanche aux urnes pour désigner leurs maires et leurs députés. L'enjeu dépasse celui d'une simple élection législative. Les sympathisants du jeune président posent le dilemme en ces termes: «Vous devez choisir entre Milosevic et le Monténégro.»
Après la Slovénie, la Bosnie, la Croatie et la Macédoine, le petit Monténégro se mettrait-il à son tour à rêver d'indépendance? Non, répond son Président, qui de meeting électoral en meeting électoral répète: «Nous voulons l'égalité, la démocratie, la prospérité et l'ouverture du pays vers le monde.» Sa campagne flatte toutefois les sentiments patriotiques de la population. Ses déclarations à l'emporte-pièce vont dans le même sens: «Le Monténégro n'est pas antiserbe, il est monténégrin.» Ou encore: «En votant, vous ne déciderez pas du parti qui exercera le pouvoir mais de la survie du Monténégro.» Et enfin: «Le Monténégro ne se la