Bruxelles, de notre correspondant.
Marc Dutroux est-il l'homme par qui le changement va enfin arriver en Belgique? Tout le laisse penser. A la suite de l'invraisemblable escapade de quelques heures, le 23 avril, de celui qui a violé et assassiné quatre fillettes et jeunes filles, le gouvernement, dirigé par le démocrate-chrétien Jean-Luc Dehaene, est sorti de sa longue torpeur. Avec succès: dimanche dernier, la majorité et l'opposition (les écologistes et l'extrême droite n'ont pas participé aux négociations) ont, en effet, accouché d'un projet de réforme en profondeur de la police et de la justice. Cette réforme, tout un peuple l'attendait depuis qu'en août 1996 furent découverts les corps de Julie et Melissa puis de An et Eefje et que fut mis en évidence la grave faillite de l'appareil d'Etat dans la répression de la criminalité. Un miracle, expliquait d'ailleurs l'éditorial du quotidien francophone le Soir, au lendemain de cette réforme historique: «L'accord sur les polices et sur la justice est à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de la Belgique. Pour la première fois depuis 1830 (fondation du royaume, ndlr), ces deux pans essentiels de notre Etat de droit seront réformés. Ils entreront de plain-pied dans l'ère moderne.» Il était effectivement temps que les choses changent dans le royaume. Jean-Luc Dehaene ne pouvait tergiverser davantage. Après la brève cavale de Marc Dutroux, la survie de son gouvernement paraissait compromise. Surtout, les sondages se