Proclamé vendredi président des Philippines par le Parlement, Joseph
Estrada, 61 ans, candidat de l'opposition au scrutin présidentiel du 11 mai, aura fort à faire pour réaliser ses priorités: éliminer sous six mois le crime organisé et augmenter la production agricole, au moment où près de quatre millions de personnes souffrent de sous-nutrition dans le sud du pays en raison du phénomène de réchauffement climatique d'El Niño.
Manille, envoyé spécial.
Le seul livre qu'il ait jamais écrit est un recueil de blagues idiotes et grivoises. Parmi les trois lois qu'il a proposées dans sa carrière de politicien, l'une est destinée à protéger le buffle des rizières. Le vice-Président Joseph Estrada, 61 ans, légende vivante du cinéma philippin, est pourtant le grand vainqueur de l'élection présidentielle qui s'est tenue le 11 mai.
«Bouffon inculte». Le «Ronald Reagan philippin», candidat du parti d'opposition Combat, a remporté 39,8% des voix, contre 15,8% à Jose De Venecia, président de l'Assemblée et candidat de Force, le parti au pouvoir. Ce vote massif traduit la défiance des Philippins à l'égard des élites et de l'establishment, pour qui Estrada n'est qu'un «bouffon inculte». «Il n'y a qu'un rôle que je n'aie jamais joué dans ma carrière d'acteur et que j'aie envie de jouer aujourd'hui: celui de Président», rétorque l'intéressé.
Populaire dès ses premières apparitions sur le grand écran, dans les années 60, il a toujours joué des rôles d'opprimé luttant contre l'injustice, les riches