C'est un genre de loterie, un nouveau jeu macabre pour terroriser
encore un peu plus une population qui vit dans la peur et le manque, depuis que le RUF (Revolutionary United Front) a déclenché la guerre en Sierra Leone, en 1991. Un groupe d'une dizaine de combattants du RUF arrive dans un village, rassemble les villageois, désigne une victime. La suite, une écolière l'a racontée au journaliste de l'AFP: «Les rebelles ont des bouts de papier qu'il faut choisir. Pied coupé, une main coupée, deux mains, un membre, tête scalpée, mort.» Amputée de la main gauche, la jeune fille a été évacuée par une ONG vers le principal hôpital de la capitale, Freetown. Depuis deux mois, le nombre de mutilés qui arrivent à l'hôpital Connaught a augmenté de façon alarmante. L'équipe de Médecins sans frontières en a dénombré 250 du 6 avril au 24 mai, tous atrocement blessés. Selon un missionnaire, le père Ercole Marcelli, qui revient d'une tournée dans le nord du pays, il y aurait dans cette région au moins cinq amputations par jour. Et tous les blessés ne parviennent pas à atteindre l'hôpital de Freetown.
Le phénomène n'est pas nouveau. Entre 1992 et 1996, de nombreux civils (dont des membres d'organisations humanitaires) ont été assassinés ou mutilés par des groupes armés, rappelle Médecins sans frontières. En 1996, lors de l'élection présidentielle, les rebelles coupaient les mains de ceux qui allaient voter. Malgré la violence, les Sierra-Léonais avaient élu sans équivoque un civil, Ahmed Teja