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Libération

Colombie: le désastre des années Samper. Le pays votait hier pour désigner un nouveau président.

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publié le 1er juin 1998 à 4h44

Bogota, envoyé spécial.

Depuis que les Colombiens ont été appelés aux urnes pour élire leur président de la République, il y a quatre ans, leur pays a mal tourné. Des mouvements de guérilla de plus en plus vigoureux ont renforcé leur emprise. Une «contra» d'escadrons de la mort et de commandos paramilitaires est apparue, signant des dizaines de massacres. La guerre civile a chassé de leurs foyers un million de personnes (2,7% de la population) et l'économie nationale a créé plus de chômeurs que de dividendes. Une dégringolade où seuls tirent leur épingle du jeu trafiquants de drogue, marchands d'armes et criminels en tout genre. Dans un bilan que ses adversaires résument du mot «désastreux», la responsabilité personnelle du président en exercice, Ernesto Samper, 47 ans, est patente. La victoire il y a quatre ans de cet homme intelligent, rusé, pugnace, doté d'une certaine sensibilité sociale, devait être le signal de la paix retrouvée et de l'intégration de la Colombie dans le peloton des pays du «premier monde». Mais depuis qu'en juillet 1995, le trésorier de sa campagne électorale confessa avoir reçu du cartel de Cali 6,2 millions de dollars (37 millions de F) pour les besoins de sa propagande, Ernesto Samper n'a consacré son énergie et son talent qu'à sa propre cause, pour sauver son fauteuil jusqu'au terme constitutionnel de son mandat, le 15 août prochain. Mission accomplie, en l'occurrence. Il a résisté à toutes les pressions, et d'abord à celles des Etats-Unis. Le dép