En dépit du mécontentement général suscité par le gouvernement du
président Ernesto Samper, celui qui incarne bon gré mal gré son héritage a remporté dimanche le premier tour de l'élection présidentielle en Colombie. Ancien ministre de l'Intérieur, Horacio Serpa (Parti libéral), obtient 34,6% des suffrages et distance d'un cheveu celui que les sondages présentaient comme le grand favori, le conservateur Andrés Pastrana (34,3%). Mais c'est Noemí Sanín, 48 ans, ex-ministre des Affaires étrangères, qui a fait sensation en mobilisant sur son nom, avec 27% des voix, près de 3 millions d'électeurs. Candidate indépendante, elle a ainsi démontré qu'il existait un espace politique en dehors des deux partis traditionnels, qui accaparent la scène depuis des décennies. Elle est même arrivée en tête dans les trois principales villes Bogotá, Medellin et Cali.
Ce sont ses partisans qui détiennent donc les clés du second tour, ce qui encourage les amis d'Andrés Pastrana, 43 ans, à garder le moral malgré leur cuisante déconvenue. Une large part des électeurs virtuels du candidat conservateur se sont reportés sur sa charismatique concurrente, mais les analystes considèrent qu'ils devraient lui revenir lors du round décisif, le 21 juin.
Les programmes des deux rivaux restant en lice étant très proches, c'est leur style respectif qui a fait dimanche la courte différence. Excellent orateur, politicien pugnace, d'origine modeste et «marqué à gauche», Horacio Serpa, 55 ans, a surmonté le handicap