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Libération

Le Pakistan nucléairement fier. Le peuple soutient l'entrée d'Islamabad parmi les puissances atomiques.

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publié le 3 juin 1998 à 4h56

Islamabad, envoyé spécial.

Vibrant d'une fibre toute nationaliste, Abdul Saffar n'est guère avare d'éloges. Depuis la double série d'essais nucléaires conduite la semaine passée par le Pakistan dans ses steppes désertiques du Nord, le volubile barbier voue à l'armée, au gouvernement et aux scientifiques de son pays une exubérante passion. «Ce sont de véritables héros», éructe-t-il, agitant son rasoir en direction d'un poster à la gloire des «vaillants pilotes» de l'aviation de combat. Dans la petite échoppe, la foule des habitués, menton recouvert de mousse, approuve à l'unisson. Et, malgré un enthousiasme modéré par les moulinets erratiques de la lame du coiffeur, les commerçants du bazar de Rawalpindi soutiennent sans état d'âme la décision des responsables politiques. Pour l'heure, la fierté d'avoir forcé l'entrée du club des puissances atomiques fait oublier à ces hommes d'argent le coût d'une telle audace. Etats-Unis et Japon ont, certes, déjà décidé de sanctions économiques. «Mais la menace que fait peser cet embargo sur la santé des affaires reste lointaine, souligne un drapier aux rondeurs prospères; l'explosion de cinq bombes indiennes sur notre frontière constituait une menace autrement plus palpable. Désormais, l'Inde sait à quoi s'en tenir et y réfléchira à deux fois avant de s'en prendre à nous. Cette sécurité-là n'a pas de prix.»

Crédibilité. Directeur adjoint d'un important centre d'études stratégiques, Bashir Ahmed ne dit pas autre chose. «Notre dissuasion a fo