Menu
Libération

Hong-kong célèbre Tian Anmen avec la bénédiction de Pékin . La commémoration du massacre n'a pas été interdite.

Article réservé aux abonnés
publié le 5 juin 1998 à 5h05

Hong-kong, envoyée spéciale.

Ils étaient plus de 40 000 hier soir, recueillis sous une pluie battante, dans le parc Victoria de Hong-kong. Le rendez-vous est devenu un rituel, chaque année, au soir du 4 juin, pour la commémoration du massacre de Tian Anmen. Dans cet univers chinois qui redoute d'exprimer trop ouvertement ses sentiments, on ressentait avec d'autant plus de force, sur les visages éclairés par les bougies, les larmes silencieuses, les pâles sourires de connivence. On percevait les estomacs noués lorsque se sont élevés les chants qui, en 1989, résumèrent l'aspiration d'un peuple et l'idéalisme d'une époque.

En 1989, lorsque les Hongkongais apprirent que l'armée venait d'ouvrir le feu au centre de Pékin, contre les manifestants venus réclamer la démocratie, ils furent plus de deux millions, le tiers de la population du petit territoire, à descendre dans la rue pour protester contre le massacre qui a fait près de 2 000 morts et entraîné des dizaines de milliers d'arrestations. Deuil collectif. «Ce fut l'éveil de la conscience politique de Hong-kong», explique Jean-Philippe Béja, sinologue, directeur d'études au Ceri (Centre d'études sur les relations internationales). «Aujourd'hui, il y a toujours beaucoup d'émotion car on se recueille à la fois pour commémorer le deuil collectif et célébrer la naissance de cette aspiration démocratique.»

Alors que Hong-kong approche du terme de sa première année sous juridiction chinoise (l'ancienne colonie britannique a été rétroc