Menu
Libération

Un différend frontalier qui dégénère. Les deux pays s'affrontent pour des limites héritées de la colonisation.

Article réservé aux abonnés
publié le 6 juin 1998 à 5h08

Le conflit qui oppose l'Erythrée à l'Ethiopie est une histoire de

famille et de frontière. La guerre qui menace aujourd'hui est une guerre entre cousins, issus d'une région où l'on avait souvent la même religion (copte), la même langue (le tigrinia) et des liens qui se sont forgés dans la lutte contre l'empire éthiopien, puis contre le régime sanguinaire de Mengistu Hailé Mariam. Les cousins ­ par le sang ­, ce sont le président érythréen, Isaias Afeworki, et le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, ancien du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien. Ce dernier a renversé Mengistu et pris le pouvoir à Addis-Abeba avec l'aide des rebelles érythréens en 1991. Compagnons de lutte d'hier, ils s'affrontent aujourd'hui sur une frontière qui date de l'installation des Italiens sur la côte de la mer Rouge.

Un siècle de guerres. La frontière coloniale, qui reste le fondement du tracé international des frontières en Afrique, date des accords signés entre l'Italie et l'empereur Ménélik après la bataille d'Adoua, en 1896. Mais les bornes n'ont pas résisté à un siècle de guerres. Quand, en 1935, Mussolini décide d'annexer l'Ethiopie, il déplace la frontière: l'Erythrée et le Tigré, province nord de l'Ethiopie, se retrouvent sous administration commune. En 1941, les Anglais chassent les Italiens de la région: le tracé originel est rétabli. En 1962, l'Ethiopie annexe purement et simplement l'Erythrée et en fait sa quatorzième province. Jusqu'en 1991, la frontière sera une